Le vélo est un sport national, le french-bashing aussi. Y compris en matière de vélo ! S’il subsiste des marges de progression importantes en matière de parts modales et de variété des usages, les villes françaises n’ont pourtant pas à rougir de leurs efforts. Au classement annuel Copenhagenize qui étudie la cyclabilité des villes dans le monde, 3 villes françaises figurent parmi les 8 premières.Collant le peloton de tête tenu par les championnes nordiques (Copenhague, Amsterdam et Utrecht), Strasbourg, Nantes et Bordeaux arrivent respectivement en 4ème, 7ème et 8ème positions.A Strasbourg, le vélo est depuis longtemps ancré dans les politiques de planification urbaine.
La ville se targue d’offrir à ses usagers le premier réseau cyclable de France.
Pavanant sur 560 km de pistes cyclables, la petite reine mérite ici bien son nom en se taillant une part modale du lion de 15%. Le système original Vélhop combine des vélos en libre-service (sur des trajets en boucle et non en trace directe), en location courte et moyenne durée (de l’heure au mois) et en location longue durée (classiques et électriques, sur 10 mois) en boutique. Vélhop propose des vélos enfants, vélos-cargos et un large choix d’accessoires, adaptant ainsi ce mode de transport aux familles.
Nantes, partie bien plus tard, a pris dans les années 2010 un cap très clair en faveur du vélo. Elle mise non seulement sur les infrastructures mais aussi fortement sur les services, notamment via les associations locales. Elle est le berceau d’initiatives telles que les Boîtes à vélo, collectif d’entrepreneurs à vélo-porteur. Elle a fait de grands efforts en matière d’apaisement du trafic, rendant la chaussée plus adaptée et plus sûre pour les cyclistes. A cet égard, il n’est pas anodin que la dernière édition européenne de Vélo-City (2015) se soit tenue à Nantes. Sur le plan touristique, elle se situe au croisement de deux eurovéloroutes à succès (Vélodyssée et Loire à vélo).
Engagée depuis une vingtaine d’années pour le vélo, Bordeaux a également donné un coup d’accélérateur depuis quelques années, tant sur les infrastructures cyclables que sur les services offerts – en particulier les vélos à location longue durée, entretenus par Green On depuis la rentrée 2016.
L’annonce d’investissements à hauteur de 70 millions d’euros dans le vélo pour la période 2017-2020 devrait lui assurer une place confortable par le futur. Voté en décembre dernier, le Plan métropolitain prévoit en priorité le développement du réseau cyclable (notamment avec la création d’autoroutes vélo), mais aussi le renforcement et la structuration d’antennes vélo chapeautées par une nouvelle Maison métropolitaine des mobilités alternatives, l’édition d’un événement annuel de promotion du vélo, l’extension du réseau de stations en libre-service (10 par an) et des capacités de stationnement public.
Paris s’affiche quant à elle à la 17ème place, dans un gruppetto serré de capitales comprenant Berlin (12ème), Ljubljana (13ème), Buenos Aires (14ème), Dublin (15ème) et Vienne (16ème).
Cinq fois plus dense que Berlin et trois fois plus dense que Londres, elle pâtit de rues étroites et de siècles de centralisation. Le volontarisme municipal depuis 15 ans en matière d’apaisement du trafic, de réaffectation des voies (de bus, sur berges), de signalisation a facilité l’appropriation de la ville par les cyclistes, tandis que l’arrivée du Vélib il y a dix ans entraînait un boom des usages. Il reste néanmoins beaucoup à faire pour assurer des continuités cyclables ; Copenhagenize pointe ainsi du doigt les défauts de conception globale des infrastructures cyclables à Paris.
Tous en selle !